Chess

A l'intérieur du pensionnat, changement total. Fini le fauteuil roulant!
Elle est capable de marcher, comme une fille normale, mais, euh, comment dire, le souci c'est que, elle ne ressemble pas du tout à une fille... Eh oui, elle a beau toujours être une fille, elle est devenue aussi plate qu'une limande. De surcroît, elle ne ressemble même plus à un être normal à proprement parler.
Ses cheveux sont pourpres foncé, courts et hérissés, et, tenez vous bien, ses oreilles se sont dressées sur le haut de son crâne et sont devenues extrêmement poilues: ce sont des oreilles de chat! Et pas d'oreilles de chat sans queue de chat, bien entendu.
Forcément, son oeil n'est pas revenu, mais à la place du globe de verre, il y a... un trou. Un trou caché par une mèche de cheveux pourpres en bataille. Son oeil "vivant" a changé de couleur et est devenu pourpre, qui, elle le découvrit rapidement, s'illumine quand elle est en colère.
Ses bras se sont allongés et sont devenus nettement plus gros, pour supporter les énormes griffes aussi longues et tranchantes que des katanas. Ses bras semblent d'ailleurs recouverts par des gants noirs avec lacets blancs, sur lesquels sont montés ses énormes griffes (et elles ne sont pas là pour faire joli). Oui je sais, je vous embête à parler de ces griffes, mais bon, c'est tout de même un truc qu'on remarque beaucoup...
Ses habits aussi ont changés, pourquoi, elle n'en sait rien. Ses vêtements se composent d'un débardeur noir, recouvert par une sorte de manteau-cape noire terminé par deux gros grelots. Elle porte également un grelot plus petit au cou.
Elle porte un pantalon noir moulant, et, oui oui, des chaussures à bout pointu.
Le petit problème, c'est qu'on la prend souvent pour un garçon, mais, trop heureuse de pouvoir marcher, elle n'en fait que peu de cas.

A l'extérieur du pensionnat, Chess est une fille... heu... normale... Si on oublie le fait qu'elle soit en fauteuil roulant et que son oeil droit est un oeil de verre.
Eh oui, notre personnage est handicapée! Elle ne l'a pas toujours été, mais a perdu l'usage de ses jambes et de son oeil droit suite à une catastrophe... (voir histoire)
Bref, passons, son apparence générale est, pour tout dire, assez jolie, elle n'a peut être pas été gâtée par le destin, mais elle a été gâtée par la nature en tout cas. Elle a une peau très blanche, à la limite on pourrait se demander si elle est albinos... Ses yeux sont jaunes d'or, ou plutôt son oeil encore vivant, parce que l'autre...
Elle a de longs cheveux blancs argentés qui lui arrivent presque jusqu'aux hanches. Elle est de taille moyenne (environ 1m65), mais bon, forcément, comme elle est tout le temps assise dans son fauteuil roulant, ça la diminue, et pas qu'un peu...
Ses jambes sont paralysées, elle est incapable de les mouvoir par sa propre volonté, elle est donc condamnée à rester assise pour le restant de ses jours, en tout cas, c'est ce que lui as affirmé le médecin...
Elle porte toujours des bottes montantes car ses jambes sont gravement brûlées et donc pleines d'horribles cicatrices.

Chess est une fille assez torturée psychologiquement. Les déboires qu'elle a essuyés dans sa vie l'ont rendue méfiante, elle ne veut pas faire confiance à qui que ce soit. Avant de découvrir le pensionnat, l'accident qui lui avait fait perdre l'oeil et les jambes l'avait rendue distante, discrète et surtout très très peu sociable. Elle restait emmurée dans son silence, toujours, ne répondait que par des phrases simples voire ne répondait pas du tout quand on lui parlait.
Son isolement lui permettait de prendre de la distance par-rapport à son passé, mais son coeur ne cicatrisa jamais complètement. Elle gagna peu à peu la peur maladive du feu, et, de l'extérieur, quiconque la regardait aurait pensé qu'elle était vide. Je m'explique. Son accident l'avait tant marquée que son regard était devenu vide, inexpressif, elle semblait ne rien voir, ne rien entendre de ce qui se passait autour d'elle. Elle ne souriait plus, son visage était comme figé. Elle refusa d'ailleurs pendant un bon bout de temps de se nourrir, mais finit par se résigner à vivre.
Son entrée au Pensionnat Miroir changea tout, avec sa nouvelle apparence. Elle commença à prendre un autre caractère, qui ressemble davantage à celui d'un chat que d'un être humain. Elle devint malicieuse, farceuse, et surtout, adore taquiner les gens et les faire tourner en bourrique quand elle s'ennuie. Mais elle a aussi un côté solitaire et indépendant, et ne demande de l'aide que quand elle ne peut accomplir quelque chose par elle-même. Elle redevint souriante.
Elle déteste devoir compter sur les autres, et de ce fait, n'a pas vraiment d'amis à proprement parler.
Mais ce qu'elle déteste, ce qu'elle hait par-dessus tout, c'est qu'on lui rappelle son infirmité. Qu'on la prenne pour un garçon au pensionnat, passe encore, mais qu'on lui dise à longueur de temps qu'elle "n'est qu'une handicapée" la met proprement hors d'elle. Dites-lui ça et elle aura l'une de ces deux réactions: soit elle se mettra en colère, soit elle se renfermera sur elle-même. Autant vous dire tout de suite que la deuxième réaction est nettement plus souhaitable, et nettement meilleure pour votre santé.
Elle souffre d'une sorte de dédoublement de la personnalité, de ce fait, elle considère "Chesselya" comme une autre personne. Chess est Chess et Chesselya est Chesselya. Elle parlera de Chesselya à la troisième personne, comme s'il ne s'agissait pas d'elle, mais d'une étrangère.

~Le début de l'histoire...

Chess, de son vrai nom Chesselya, n'a jamais connu ses parents. Elle fut élevée par sa grande soeur, de 6 ans son ainée, avec l'aide d'une vieille nourrice. Elle ne fit jamais vraiment attention à celle-ci, qui ne remplaçait pas une mère, qui n'était ni maternelle, ni douce, ni vraiment gentille avec elle. Mais sa grande soeur, elle aurait pu le décrire les yeux fermés. Il faut dire qu'elle passait son temps collée à ses basques.
Un jour, alors qu'elle rentrait de l'école, elle songea soudain à ses copines de classe qui avaient toutes un "papa" et une "maman" qui venaient les chercher. Lorsqu'elle arriva chez elle, elle demanda en toute innocence, du haut de ses 7 ans et demi:
-Dis grande soeur, où sont "papa" et "maman"?

Comme elle ne répondait pas, elle insista:
-Toutes mes copines elles ont un "papa" et une "maman". Pourquoi je suis la seule à ne pas en avoir? Ils sont allés où? Ils vont bientôt revenir?
-Ecoute moi bien Chesselya... Papa et maman ne reviendront pas.
-Mais pourquoi?
-Parce que là où ils sont, ils ne le peuvent pas. Ils ne le pourront jamais.

La petite cligna des yeux un instant puis lui fit un grand sourire:
-Ah ben d'accord, c'est pas grave. Moi je suis heureuse avec toi grande soeur.

Eh oui, n'ayant jamais connu ses parents, elle ne pouvait pas se sentir triste.

~L'incendie

C'était au milieu de la nuit.
Chesselya, 12 ans, dormait paisiblement, quand elle commença à avoir chaud. Elle se retourna en grognant, se débarassa de sa couette, mais rien n'y fit, elle avait chaud. Comateuse, elle ouvrit un oeil. Une lumière orangée baignait l'extérieur. Elle avait de plus en plus chaud.
C'est alors que sa soeur entra en catstrophe:
-Chesselya réveille-toi!!

L'esprit embrumé, elle allait demander ce qu'il se passait pour que sa soeur la réveille en plein milieu de la nuit, quand elle la prit sur son dos et dévala les escaliers. C'est à ce moment là qu'elle remarqua les grandes flammes oranges qui léchaient les murs, le plafond, le sol, les meubles... Et l'affreuse chaleur qui régnait.
Sa grande soeur stoppa net et elle vit que le second escalier était bloqué par des morceaux de poutres en flammes.
-Grande soeur, laisse-moi descendre! Tu pourras pas passer avec moi sur ton dos!

Elle sauta au sol et passa au travers des débris, se brûlant, mais pas le temps de s'apitoyer sur son sort, elle devait suivre sa soeur, elle devait courir, vite vite, sinon ils seraient coincés.
La porte d'entrée. Elle était là, elles étaient sauvées, elles pourraient sortir... Elle entendit des craquement au-dessus de sa tête, le plafond allait s'effondrer et bloquer leur seule sortie!
Elle se sentit alors poussée dans le dos et fut projetée à l'extérieur, tandis que des débris enflammés s'abbataient dans la pièce, de l'autre côté de la porte.
-GRANDE SOEUR!!

Elle rentra à nouveau à l'intérieur, elle voulait sauver sa soeur, elle était sa seule famille!
-Chesselya va-t-en! Je vais trouver une autre sortie! Va-t-en!
-Non!

Elle savait que ce qu'elle faisait était idiot, mais elle ne voulait pas la perdre. C'est à cet instant que, dans un craquement de fin du monde, une poutre entière se détacha et lui tomba dessus. Les jambes coincées sous l'énorme poutre de chêne, la douleur était telle qu'elle lui coupa la respiration, elle ne pouvait pas hurler, seulement pleurer, pleurer, impuissante. La dernière chose qu'elle sentit avant de s'évanouir, ce fut une chose brûlante qui lui entra dans l'oeil droit.
Puis tout devint noir...

~Le sauvetage

-Quel catastrophe cet incendie... Il n'a rien laissé, juste des ruines.
-Eh venez voir! Il y a quelqu'un!
-Pauvre petite, mourir si jeune...
-Attend! Elle respire encore! Il faut l'emmener à l'hôpital ou elle ne passera pas l'heure!
-Ses blessures sont sérieuses, dépêchez-vous!

~L'hôpital

Lorsque Chesselya ouvrit les yeux, elle ne comprit pas ce qui lui arrivait. Elle était dans une grande chambre toute blanche, qu'elle ne connaissait pas. Mais pourquoi ne voyait-elle que la moitié de la pièce? Pourquoi le côté droit était-il noir? Et pourquoi était-elle ici?
En un éclair tout lui revint. L'incendie. Sa soeur.
-Je vois que tu es réveillée.

Elle se tourna vers celui qui venait de parler. Un médecin sans doute.
Un flot de paroles se bouscula dans sa bouche, qu'elle prononça avec une voix de petite fille perdue:
-Où suis-je? Pourquoi je suis ici? Pourquoi c'est noir à droite? Où est ma soeur? Je veux voir ma grande soeur! Où est-il? Je veux ma soeur! Ammenez-moi ma soeur!
-Tu es dans un hôpital. Tu as été gravement blessée dans un incendie.
-Blessée? Qu'est-ce que j'ai?
-Ton oeil droit... a brûlé. Nous t'avons mis un oeil de verre, mais tu ne verras plus de l'oeil droit. Et tes jambes...
-Ah... ah bon... Mes jambes? Elle vont très bien mes jambes. Je ne les sens pas. Je... ne les sens plus... du tout... Je... je n'arrive pas à les bouger...

L'homme la regarda d'un air compatissant et dit d'une voix douce:
-Tes jambes ont été gravement brûlées. De plus... tes tendons d'achille ont été tranchés par la poutre qui t'es tombée dessus. Tu ne pourras plus jamais marcher. Je suis désolé pour toi.
-Où est... ma grande soeur?
-Quand l'incendie a été maîtrisé, nous n'avons retrouvé que toi et le cadavre d'une vieille femme dans cette maison. Il n'y avait personne d'autre.
-Ah...

Les larmes coulèrent sur son visage. Mais seul son oeil gauche pleurait.
-A... alors elle est morte... n'est ce pas? Elle ne peut pas avoir survécu... Je suis vraiment... seule... Je suis toute seule maintenant...

Le médecin lui posa la main sur l'épaule sans savoir quoi dire.
Il lui demanda finalement:
-Comment t'appelles-tu?

Chesselya, faillit-elle répondre. Mais non. Elle n'était plus cette petite fille insouciante qui courait partout avec sa soeur. Cette part d'elle était morte. Elle finit par répondre:
-Je m'appelle... Chess.

~De l'autre côté du miroir

Chess était devant ce miroir depuis environ une demi-heure.
Pour comprendre ce qu'elle fait ici, revenons un peu en arrière...

Elle faisait rouler son fauteuil sur les pavés inégaux de la route quand elle entendit parler d'un étrange pensionnat qui se serait construit récemment.
-Excusez-moi, quel est ce pensionnat dont vous parlez?
-C'est le Pensionnat Miroir. Il s'est construit au bout de la ville, mais il paraît qu'il s'y passe des choses bizarres.
-Et ils acceptent n'importe qui?
-Il me semble que oui...

Elle s'en alla donc vers ce pensionnat.

Voilà qui nous ramène à la situation présente. Si elle était plantée devant ce miroir, c'est tout simplement parce qu'elle avait beau avoir cherché partout, il n'y avait pas de porte d'entrée, mis à part ce miroir qui était justement aussi grand qu'une porte, et pile au bon endroit.
Au bout de sa demi-heure de tergiversation, elle se décida finalement à tenter le coup, et, dans l'attente du choc inévitable, fit avancer son fauteuil roulant.
Quelle ne fut pas sa surprise quand elle se cassa proprement la figure de l'autre côté!
Elle se redressa, cherchant son fauteuil des yeux. Deuxième surprise, elle n'en vit pas la trace! Mais ce qui la surprit le plus -et effraya un peu-, c'est quand elle regarda ses mains: elles étaient devenues d'énormes pattes munies de griffes qui avaient un air de famille avec des katanas!
Elle se leva, et, à son étonnement le plus profond -et à sa grande joie-, elle réussit à marcher!
Depuis ses 12 ans, elle n'avait pas quitté son fauteuil roulant, et voilà que, à ses 14 ans et des poussières, elle pouvait de nouveau mouvoir ses jambes!

Mais bon, tout de même, qu'est-ce qui avait bien pu se passer? Pour en avoir le coeur net, elle entra dans le bâtiment, et se regarda dans le premier miroir qu'elle vit -pas compliqué, yen avait partout des miroirs!-.
Elle avait vraiment changé d'apparence! Elle ressemblait maintenant plus à un chat qu'à un être humain.
Quand elle se détailla plus précisément, elle remarqua que son oeil de verre était redevenu un trou, couvert par ses cheveux pourpres en bataille. Mais le détail qui l'interpella le plus, eh ben, c'est qu'elle ne ressemblait plus du tout à une fille, mais à un garçon! Bien entendu, elle était toujours une fille, mais, ben, plate de chez plate, en mode planche à repasser...

Mais au fond, qu'importaient ces petits détails? Elle avait retrouvé sa mobilité, que demander de plus?
Une vie heureuse dans ce pensionnat peut-être...